Refrain

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di Cheikh Tidiane Gaye

Refrain

Le jour accueille son vent matinal,
L’aube se penche sur sa joue
Enfantées dans le temple des mélodies
Les paroles deviennent divines ce soir.
Ce soir, les champs sont bien labourés, les chants
S’envolent, empruntent le refrain de la mémoire,
Le refrain germé en toute saison, le sol fertilisé
Fumant la sève pure et douce, d’une douceur vent de printemps.
Refrain d’une mémoire fidèle aux esprits de ses nuits,
Les nuits auxquelles les paroles poussent comme des graines,
Les vraies semences enfouies de partout à l’abri des vautours.
Un seul refrain se trempe aux sons des trompettes
Un seul son à l’unisson de la terre et de la graine
Une seule main perçue de loin
Maigre vache à la proie des aigles
Et courtisée de près comme la femme nubile, esclave de César.
Au banc de la nuit brune, le vent parfumé de sons ne se heurte plus
aux flancs de mes souvenirs sereins et sobres.
Je renais aux rythmes des Koras qui peignent la chevelure de mes
chansons,
La flûte qui s’affûte dans l’allégresse, les tam-tams qui tissent les mots,
Les mots fidèles aux esprits,
Les esprits protecteurs des savanes,
Les savanes florissantes où le flore et la faune se baisent,
Est née la braise illuminant les coeurs violés et les langues ensevelies.
Ma langue!
Mes mots ne brisent mes voyelles,
Mes consonnes nées aux fiançailles des vocables et des couleurs,
J’ai séduit la poésie,
La prose m’enchante et me capture
Aux confins des temps et aux crépuscules dorés;
Crépuscule pittoresque, des champions illuminés, aux lampions de
sagesse,

Huile qui féconde nos huttes de paille qui ne baillent la nuit,
nuit témoin de nos chants et nos récits.
Refrain qui nous rappelle les résonnances, l’encens parfumant nos paroles
palissades de nos vers;
Refrain d’un chant qui tonne,
La chanson qui gronde, qui galope comme le cheval aux chevauchées
légendaires,
Mélodie à l’aube qui accompagne le sommeil de la lune sur son lit,
L’horizon apprécié par l’infini des terres;
Refrain d’un chant baigné dans les assonances
Cadencé par les voix miellées et par les pas fertiles de nos braves fils et
De nos femmes aux coudes d’humilité
À la beauté d’émeraude, statue d’élégance;
Refrain pour un hymne,
Refrain pour un drapeau.
Que battent les coeurs enfin libres!
Les coeurs, les mains, les pieds battent,
Que battent tous les pieds, toutes les mains, tous les coeurs!
Le sourire des hommes qui accueille de nouveau le vrai mot,
Mot enfanté dans la douleur,
Mot qui s’enracine dans le ciment de notre être
Mot chanté dans l’euphorie
Mot sculpté dans l’écorce des baobabs millénaires
Mot aux lettres fastes taillé au couchant des pleurs
Enfin mot qui sourit:
Négritude.


Pubblicazioni

Tratta da:

  • Cheikh Tidiane Gaye, Ode nascente - Ode naissante, Milano, Edizione dell'arco, 2009, ISBN 978-88-7876-120-9. Con prefazione di Itala Vivan.
  • Kanaga Edizioni, 2019

Note